Le Peuple Tshokwe est organisé en riches et puissantes chefferies hiérarchiquement et extraordinairement structurées autour de la famille royale, dont les empereurs fondateurs sont les deux grands guerriers MWANDHUMBA et MWAKANYIKA.

C’est cette organisation qui permit aux Tshokwe d’envahir progressivement les autres peuples à qui ils imposèrent leur culture.

Ambroise MUHUNGA précise : « Ici au Congo Belge (République Démocratique du Congo), nous avons MWATSHISENGE SAMUTOMA, neveu de Mwandumba et Mwakanyika, qui est grand chef des Tshokwe et réside dans la province du Katanga où l’on compte en tout 5 chefs dont 4 investis et 1 non investi :

*/ MWATSHISENGE Samutoma, Grand Chef des Tshokwe résidant à Sandoa ; 

*/ MWATSHITANGA Sakundundu, Chef médaillé à Sandoa (Kafakumba) ;

*/ MWAKANDALA, Chef médaillé à Dilolo ;

*/ TSHISENGE Sayenge, Chef médaillé à Dilolo ;

*/ SAPINDJI, chef non investi, sous la directive de Mwatshisenge à Sandoa ».

Muhunga rapporte toutes les grandes conquêtes des Tshokwe, sous l’autorité de Mwatshisenge, à la base de leur fulgurante expansion arrêtée par le colonisateur. C’est ainsi qu’il lui est dédié une célèbre chanson de guerre « Mwatshisenge eva mata ma linuma mu sango mwaya meya » (Mwatshisenge, écoute les coups de feu nourris en aval des cours d’eaux).

Mwatshisenge, couramment appelé Mwene, qui signifie être suprême, est le détenteur du bracelet royal appelé Lukhano.

Sa couronne royale est sur-plantée des plumes rouges d’une rare beauté de Kalongo (perroquet) qui symbolisent le Chef envahisseur, guerrier, combattant et vainqueur.

Il est l’unique à porter l’épée royale à double tranchant appelé Nayitala (symbole de la justice suprême) et à poser ses pieds, à la fois, sur les peaux du léopard et du lion (symboles de la férocité et de la puissance).

Au niveau des Provinces du Bandundu et du Kasaï-Occidental, le clan Usenge est représenté respectivement par Mwamushiko et Mbunga Thumba.

Il est enfin important de noter que le Tshokwe figure parmi les peuples exceptionnels qui non seulement ont résisté à la colonisation, mais ont surtout combattu l’homme blanc, en l’occurrence, le Belge puisqu’il avait des terres, des valeurs et une culture à défendre.

En effet, autant il est très respectueux de l’autorité établie à laquelle il se soumet dignement, autant il a la capacité de se rebeller face à la même autorité quand elle abuse de lui. C’est ce qui révèle sa force de caractère et son esprit d’indépendance ; réalités vécues par les colonisateurs à qui il avait farouchement résisté.

Pour briser cet état d’esprit, le colonisateur a monté contre lui ses voisins qui, avec le temps et grâce à cette complicité, ont fini par sembler prendre de l’ascendance sur lui.

M’bokolo Elikia1 rapporte que vers l’année 1885, les Tshokwe avaient réussi à envahir les anciens Etats sans, cependant, se doter de structures propres quand intervint le partage de leur nouveau territoire entre les puissances coloniales.

Ainsi, les Tshokwe feraient partie de ces groupes dont la rencontre coloniale a arrêté la formation.

L’intérêt de l’évocation de ces faits est de montrer comment le découpage colonial structure la participation politique et la gouvernance au sein de l’Etat colonial d’abord, et postcolonial ensuite.2

La preuve est donnée par Léon DUYSTERS3 qui écrit « après avoir fait œuvre assez discutable sur le plan scientifique, D BIEDUCK n’hésite pas à tirer des conclusions forts hâtives et peu solides sur le plan de la politique indigène. Son affirmation que nous n’avons pas su expliquer les institutions existantes des Aluunda, ni su tirer profit du complexe institutionnel qui les caractérisait, nous paraît fort contestable quand on se rappelle que les fonctionnaires belges ont restauré l’autorité des Mwata Yanvo sur la grande partie des territoires où elle s’exerce aujourd’hui et que c’est à leur intervention que les chefs luunda des Territoires de Sandoa et de Dilolo sont actuellement encore nommés et régis par le Mwata Yamvo et sa cour».

Il poursuit « mais, il nous est totalement impossible de suivre l’auteur lorsqu’il estime regrettable la constitution des Cokwe (Tutshokwe) en chefferies indépendantes. Si nous soumettions les Tutshokwe, qui jusqu’à l’arrivée des belges (1905-1910) étaient indépendants et encore maîtres de la presque totalité des territoires de Sandoa et de Dilolo, aux Aluunda, nous commettrions une injustice et une très grave faute politique ».

En effet, dans le but de structurer administrativement l’Etat Indépendant du Congo, l’autorité coloniale signa, en date du 02 mai 1910, un décret organisant territorialement le District du Lulua-Kasaï.

En fait, ce décret divisait le grand espace Tshokwe en sous-chefferies relevant du Chef Mwant YAV.

Voilà pourquoi les Tshokwe, victimes de cet acte juridique, contestent toujours la suprématie Lunda sur eux et accusent cette autorité coloniale d’avoir favorisé celle-ci à leurs dépens puisque n’ayant jamais été en état de soumission envers qui que ce soit avant l’arrivée du colonisateur.

En outre, les enjeux coloniaux (diviser pour régner) ont conduit à la scission, en trois entités politiques, du grand et puissant Peuple Tshokwe, précipitant ainsi la diminution de son emprise réelle sur ses voisins.

A ce sujet, il est justement à noter que l’Afrique ayant été longtemps caractérisée par l’oralité, il est très difficile de remonter très loin dans le passé, de sorte que les quelques bribes de l’histoire africaine connues sont non seulement le fruit de celles recueillies des grands-parents et arrière-grands-parents, mais aussi et surtout des études menées et écrites pendant ladite colonisation.

D’où, la rupture avec le passé traditionnel provoquée brutalement par le colonialisme qui a faussé l’histoire africaine, en l’occurrence celle du Peuple Tshokwe, l’oralité africaine, avec ses faiblesses sur la mémoire, couvrant tous les aspects de l’existence4.

Partant, des peuples jadis sous le joug Tshokwe, émancipés par la colonisation, se sont permis, à leur avantage, de fausser le cours de l’histoire.

De là, l’intérêt du livre La Grande Nation des Tshokwe et sa Dynastie de MUHUNGA Ambroise qui révèle des pans entiers de l’histoire authentique du Peuple Tshokwe que des tribus profito-situationnistes tentent vainement de cacher pour le besoin de la cause.

Cela est conforté par l’affirmation de certains chercheurs quand, par exemple, ils disent « bien sûr, cette coexistence indispensable entre le monde occidental et le monde africain aux conceptions et aux traditions différentes, parfois même contradictoires, a constitué, tant pour les individus que pour les groupements indigènes, un facteur de changements, de nouveautés, voir de bouleversements de tous genres.

Le dominé, placé sous tutelle au nom de la civilisation, s’est trouvé par le fait même tenu à accepter les idées du dominant et à accomplir ses ordres. Les séquelles de cet état de choses existent et existeront encore longtemps.

Dans ces quelques pages, nous nous sommes efforcés de voir comment la Belgique, au fil des différents décrets, a intégré l’empire Lunda dans son administration coloniale, sans pour autant avoir la prétention de décortiquer dans ses moindres détails un sujet aussi complexe et difficile. Nous avons tenté de faire ressortir certaines vicissitudes survenues dans ce groupement indigène et inhérentes à l’application des décisions du législateur colonial…

Notre seule prétention a été d’exposer en toute objectivité ce qui est et non ce qui devait être1 ».

 

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A PROPOS

Diverses sources renseignent que les Tshokwe sont une population répartie entre le nord de l’Angola, le nord-est du Zimbabwe, le sud de la République Démocratique du Congo et le nord-ouest de la Zambie.

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