La culture Tshokwe est très riche. Elle se manifeste par un grand savoir illustré, entre autres, par des proverbes valables jusqu’aujourd’hui autant que par des techniques à la hauteur de leur époque. La diversité des rites et cérémonies ainsi que celle des chants et danses qui y correspondent, traduisent également la richesse de cette culture.

 6.1. Rites et cérémonies

La vie des Tshokwe est ponctuée par des cérémonies et rites appropriés (mariage, nouvelle et pleine lune, naissances, funérailles, ouverture et clôture des rites d’initiation, divination, etc.). C’est notamment le cas de :

  1. Mukanda ou Tshavula, initiation des garçons, qui est une véritable école de la vie où ils ont la formation complète d’un homme, étant donné qu’on lui apprend la pêche, la chasse, la construction d’une maison, la danse, la cuisine, la sagesse et la morale.

  2. Tshiwimbi ou Tshiwila, initiation des jeunes filles, à l’instar du Mukanda pour les garçons ;

  3. Wali, cérémonie de la nubilité de la jeune fille au cours de laquelle la famille du mari prend et emmène la jeune mariée chez elle. Le lendemain, la famille de la jeune mariée va alors « kumukwatshisa ku majiko » en lui apportant tous les ustensiles de cuisine dont une femme a besoin, en allumant le feu et en préparant son tout premier repas chez elle, dans sa nouvelle maison ;

  4. Uyanga, cérémonie des chasseurs qui invoquent les ancêtres pour leur protection et le succès de leur mission ;

  5.  Zemba, initiation mystique et ésotérique de certains adultes courageux, audacieux, loyaux et responsables à l’endurance pour leur permettre d’affronter n’importe quelle difficulté de la vie afin de protéger leurs villages, clans et familles ;
  6. Mungonge, rite de la commémoration de la joie pour avoir atteint un objectif ultime (gagner une guerre, remporter une victoire de quelque nature qu’elle soit). C’est un rite secret masculin ;

  7. Musheta ou munema, cérémonie funéraire qui a lieu, devant la maison du défunt, à la levée de la dépouille mortelle et après l’enterrement ;

  8. Ngombo, divination, en se servant d’un panier de devin, pour expliquer une situation (maladie ou échec quelconque) et prédire l’avenir ;

     9. Mahamba, invocation des esprits des ancêtres, par des formules de conjuration, pour gratifier les bons et chasser les mauvais. Il existe quatre type de Mahamba: Mukala (esprits rebelles ou maléfiques masculins qui hantent les chasseurs), Safunda ou Batuka (esprits rebelles de divination qui sont combattus par invocation pendant que les victimes portent des habits blancs et qu’on leur applique, sur le corps, du caolin blanc et/ou rouge), Khula ou Thulemba d’origine Lunda (esprits qui jettent le mauvais sort sur les femmes qui deviennent stériles, accouchent de mort-nés, avortent à répétition ou encore font des cauchemars, etc.) et Salujinga d’origine Minungu (esprits qui combattent également la fécondité).

6.2 Musique

L’exposé ci-dessous s’inspire de Barbara SCHMIDT-WRENGER qui avait fait, en 1973, une étude remarquable sur la musique Tshokwe dont une brochure publiée ad hoc est en vente, au Musée Royal d’Afrique Centrale de Tervuren, avec un disque (33 tours) reprenant les chants enregistrés quand elle séjourna à Samutoma (Mwatshisenge), Sakundundu, Mbako et Muteba dans le territoire de Sandoa.

6.2.1 Chants

Le Tshokwe est un musicien par excellence car il compose des chants qu’il adapte aux circonstances et rythmes que lui inspire l’environnement. Ce qui fait qu’il dispose de toutes sortes d’instruments musicaux. Cela explique également le fait que ses chants correspondent aux diverses cérémonies et circonstances de la vie.

Partant, ils sont catégorisés en chants de danses populaires, des occasions particulières et de musique solo.

1. Chants des danses populaires

Les chants des danses populaires correspondent aux : Tshiyanda, Tshisela, Mayenge, Moyo, Kalukuta, Kananda, Malinga, Tshihongo et masques.

2. Chants des occasions particulières

Il existe trois types de chants des occasions particulières :

*/ Chants des rites et cérémonies

Ces chants se rapportent aux rites et cérémonies énumérés ci-haut (dont le Musheta, chant funèbre) auxquels s’ajoutent ceux du mariage (Wulo) et de la berceuse (Ndeji).

*/ Chants réservés à Mwene Mwatshisenge 

  • Kulenga tsha Mwata (ou Miaso ya kulengesa Mwatha), chants de louange en l’honneur du Chef, dont le texte décrit les qualités émérites du Chef, les insignes de son pouvoir et de sa dignité ;
  • Mufuka ya Mwatshisenge, étroitement lié à la tradition, avec pour thème le Mufuka (chasse- mouches), en poils d’une antilope appelée Tengu, que Mwene agite lorsqu’il est dans le Tshipoyi (la célèbre chaise à porteurs des souverains Tshokwe).

Ces chants ne sont pas à danser. C’est pourquoi ils s’exécutent avec battements des mains et parfois avec des coups de feu, sans accompagnement musical.

*/  Chants de guerre

Ces chants sont exécutés avant le combat pour stimuler l’ardeur des guerriers, d’une part. Et d’autre part, pendant la guerre, pour exprimer au village l’état d’esprit de ceux qui participent ou non aux combats.


3. Chants de la musique solo

Il existe également une musique en solo exécutée par des chanteurs à l’aide de deux instruments : Tshisaji et Ndjimba.

4. Danses

La musique tient une place importance dans la vie de Tshokwe.

Les Tshokwe ont des danses très variées correspondant aux circonstances et rites divers évoqués ci-dessus.

De ce fait, il en existe trois catégories : les danses populaires ou des fêtes et celles des occasions particulières. Généralement, toutes sont collectives.

 
4.1 Danses populaires ou des fêtes

Les danses populaires sont :

*/ Tshiyanda, grande danse de fête traditionnelle exécutée par les femmes au rythme des Tam-tams joués exclusivement par les hommes. Cette danse a deux variantes rythmiques appelées Kashinga et Katshota.

*/ Tshisela, danse consacrée aux différentes étapes du Mukanda (préparatifs, ouverture, évolution et clôture). Elle se différencie de la danse Tshiyanda par le rythme et se caractérise par l’emploi des hochets de chevilles, les Tshotsha, faits de gousses de fruits liées en forme d’anneaux et que les femmes portent aux deux chevilles.

 */ Mayenge, danse mixte (hommes et femmes) ;

 */ Moyo, danse mixte (hommes et femmes) ;

 */ Kalukuta, danse mixte (hommes et femmes) ;

 */ Kananda ou Kandowa, danse mixte (jeunes filles et garçons).

Il est à noter que les quatre danses ci-dessus ne s’accompagnent que de battements des mains.

*/ Malinga, danse mixte, à l’occidentale, qui s’exécute avec l’accordéon;

 */ Tshihongo, danse exhibée par un masque portant le même nom ;

 */ Mukishi, au singulier, et Akishi, au pluriel, danse exhibée, devant le public, par un ou plusieurs masques dont les plus célèbres sont notamment Wotsha luba, Mushilindjindi ou Malumba et Khanga ;

 */ Thundandji (les garçons circoncis) exhibent les danses apprises au camp d’initiation, à leur retour au village. Il s’agit là d’une très grande fête populaire où rien n’est laissé au hasard.


4.2 
Danses des occasions particulières

Chaque rite, cérémonie et circonstance ont des danses spécifiques que sont : Mukanda, Tshiwimbi, Wali, Uyanga, Zemba, Mungonge, Musheta, Ngombo et Mahamba.

Ainsi, par exemple, que la danse de Uyanga est une danse de la caste des chasseurs, exécutée après une chasse fructueuse en signe de gratitude et en hommage aux esprits de la chasse. Ainsi, sous forme de pantomime, elle représente la chasse ainsi que la mise à mort du gibier.

 6.2.2 Instruments

Ci-dessous sont repris les instruments de musique et de danses :

*/ Ngoma (tam-tam), tambours à membrane qui se jouent en batterie de cinq (principal groupe de percussion qui forme l’armature sonore), dont ngoma ya shina (le tam-tam central qui rythme les danses et remplace le Tshikhuvu lorsque celui-ci fait défaut), appuyés par quatre autres, à savoir : ngoma ya mukhundhu, ngoma kavungi, ngoma ya kusasulwila et ngoma ya kasumbi ;

*/ Tshikhuvu ou Tshinguvu, grand tambour à fente trapézoïdal (en bois massif taillé à l’intérieur d’un tronc d’arbre appelé Mupafwu) que l’on frappe de part et d’autre au moyen de deux mailloches (Mishipo) ;

*/ Mukupiela, tambour à double membrane essentiellement utilisé pour les danses et cérémonies royales ;

*/ Ndjimba, grand xylophone courbe et à calebasses généralement composé de 17 touches ;

*/ Tshisaji Kakolondondo, lamellophone à planches, muni d’une calebasse faisant fonction de caisse de résonnance ;

*/ Tshisaji Mutshapata, lamellophone dont les lames sont fixées directement sur un bloc de bois évidé en forme de caisson servant de caisse de résonnance ;

*/ Kalyalya, sorte de violon, instrument à corde que l’on joue près de la bouche dont l’ouverture et la fermeture en font varier les sons ;

*/ Sangu, idiophones, hochets (à calebasse) des mains et des pieds de petite dimension ;

*/ Tshotsha, hochets de chevilles et clochettes métalliques ;

*/ Mikakaji ou Mikokolo, petits bâtons avec lesquels on frappe le bas d’un tambour pour donner et soutenir le rythme de base ;

*/ Mishipo, baguettes en bois ayant, à leur extrémité supérieure, un renflement en caoutchouc et écorce, servant à battre le tambour Tshikhuvu ;

*/ Khwita, tambour à membrane et à friction à manche ;

*/ Mutshakaya, hochet des mains, de grandes dimensions, métallique ou à petites calebasses ;

*/ Kasengosengo, aérophone, petite flûte utilisée à la chasse pour permettre aux chasseurs de communiquer entre eux ;

*/ Muya, ceinture de danse des femmes et des masques garnie de bouts de bois ou de métal ;

*/ Ngunda, trille aiguë des femmes à la fois expression de la joie des participantes et stimulant pour les musiciens et les danseurs ;

*/ Yikuma, textes improvisés servant de transition pour passer d'un chant à l'autre.

Généralement chez les Tshokwe, chaque instrumentiste réputé possède une signature musicale originale par laquelle il commence ou termine son interprétation pour s'identifier en signant sa création. De plus, tous les tambours à membrane se jouent à la main et exclusivement par les hommes.

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A PROPOS

Diverses sources renseignent que les Tshokwe sont une population répartie entre le nord de l’Angola, le nord-est du Zimbabwe, le sud de la République Démocratique du Congo et le nord-ouest de la Zambie.

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